Ce 6 avril, la majorité PiS du parlement polonais forçait celui-ci à organiser les élections présidentielles au mois de mai, en dépit de la pandémie de COVID-19. Cette détérioration démocratique en Pologne inquiète les Socialistes & Démocrates au Parlement européen, ainsi que les risques pour la santé des citoyens polonais.

 

Birgit Sippel, eurodéputée et porteparole S&D en commission Libertés civiles, Justice et Affaires intérieures, a déclaré ceci :

« Suivant l’exemple du gouvernement hongrois, celui de Pologne tente d’exploiter la pandémie de COVID-19 pour poursuivre son travail de sape des normes et procédures démocratiques. Jarosław Kaczyński et son parti, le PiS, tentent désespérément de concentrer tout le pouvoir entre leurs mains, même au prix de la santé et de la sécurité de leurs citoyens. Ils mettent la pression pour tenir les élections présidentielles en pleine crise de santé publique. Ils négligent les appels des experts de la santé et de toute l'opposition en faveur de l’instauration d’un état d'urgence, et en faveur du report de ces élections. Même l’opinion publique polonaise s’oppose largement à la tenue d’élections dans ce contexte. Les gens veulent que leur gouvernement se concentre sur les mesures de lutte contre l’épidémie et de soutien à l’économie défaillante du pays. »

« Le PiS joue un jeu dangereux et cynique, qui n’a qu’un seul objectif : accroître les chances de son candidat, Andrzej Duda, de rester président. Ce parti sait pertinemment que la crise économique et sociale latente est susceptible de réduire à néant ces chances. »

 

Juan Fernando López Aguilar, eurodéputé S&D, rapporteur du PE pour la Pologne et président de la commission Libertés civiles, Justice et Affaires intérieures, a ajouté ce qui suit :

« Dans l’état de confinement actuel, les gens sont interdits de rassemblement et les candidats d’opposition dans l’impossibilité de faire campagne. Tandis que le président Duda continue à faire campagne dans tout le pays et apparaît dans tous les médias, contrôlés par le PiS. Tenir une élection dans ces conditions remet en question la légitimité démocratique et la fiabilité du processus électoral. À cela s’ajoute l’immense défi logistique que constitue l’instauration du vote par correspondance dans un pays de 40 millions d’habitants. Sans oublier le risque d’infection pour des milliers de personnes, travailleurs de la poste ou membres des commissions électorales. »

« Par ailleurs, ces mesures fraîchement adoptées sont contraires au Code de bonne pratique défini par la Commission de Venise du Conseil de l'Europe. Et elles sont contraires à la décision de la cour constitutionnelle polonaise de 2006, qui interdit toute modification de la loi électorale six mois avant une élection. Il faut reporter ces élections, tant au nom de la préservation des vies et de la santé des citoyens polonais, que du respect d'un minimum démocratique. »

« Nous attendons de voir ce que décidera le sénat polonais. Nous rappelons aussi au commissaire Reynders qu’il s’est engagé à vérifier que toutes les mesures prises par les États membres dans le contexte de la pandémie de COVID-19 respectent l’État de droit, les droits fondamentaux et la démocratie. »

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