Sous l’impulsion des Socialistes & Démocrates, le Parlement européen a adopté ce 24 octobre une résolution de rejet du renouvellement pour 10 ans de la licence du glyphosate, proposé par la Commission européenne. Au contraire, le Parlement européen demande l’interdiction immédiate de cette substance pour les usages non-professionnels ainsi que pour l’utilisation dans les parcs, jardins et plaines de jeux publics. Pour l'utilisation en agriculture, le PE demande une phase d'élimination progressive de 5 ans. Au bout de cette période transitionnelle, plus aucun produit contenant du glyphosate ne devrait être présent sur le marché de l’UE.

Herbicide le plus utilisé au monde, cette substance est qualifiée par l’Organisation mondiale de la Santé de potentiellement cancérogène et de perturbatrice hormonale. Or, le glyphosate et ses résidus ont été détectés dans l’eau, le sol, des aliments et boissons, des produits non comestibles, ainsi que dans l’urine humaine. Ils constituent donc un risque pour la santé des citoyens.

Par ailleurs, la révélation d’une correspondance interne de Monsanto jette des doutes sur certaines études sponsorisées par cette société. Cette correspondance a été publiée dans le contexte d’une plainte déposée aux USA par des personnes qui prétendent avoir développé un cancer suite à une exposition au glyphosate. Ces textes figuraient parmi les données utilisées par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et par l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA)) pour évaluer la dangerosité du glyphosate.

 

Miriam Dalli, eurodéputée et porteparole S&D pour l’environnement et la santé, a déclaré ce qui suit :

« Le malaise s’approfondit au sujet de l’absence de transparence du processus de classification pratiqué par l’UE. Parallèlement, les inquiétudes sur la sûreté de cet herbicide s'aggravent. En effet, de nombreux scientifiques indiquent qu’en raison de sa génotoxicité et de son pouvoir cancérogénique élevés, il devrait être immédiatement retiré du marché. »

« Il est démontré que nos citoyens sont exposés au glyphosate à travers leur alimentation, par les herbicides et du fait de vivre à proximité de zones traitées. Car on a détecté du glyphosate et ses résidus dans l’eau, le sol, des aliments et boissons, ainsi que dans les organismes humains. »

« Dans ces conditions, les S&D s’inquiètent gravement au sujet de l’étendue des effets du glyphosate. En conséquence, nous voulons que la Commission européenne prenne ce sujet au sérieux et applique le principe de précaution. À travers cette résolution, nous disons à la Commission européenne que nous voulons l’élimination totale du glyphosate dans un délai de cinq ans. »

« Par ailleurs, si nous demandons le remplacement des pesticides nocifs, nous voulons aussi que les agriculteurs aient le temps de s’adapter. »

 

Pavel Poc, eurodéputé et porteparole S&D pour ce dossier, a ajouté ceci :

« Nous avons remporté aujourd’hui une bataille importante pour la santé et l’environnement et contre les intérêts des multinationales. Il s’agit d’une décision historique, qui reflète les appels des citoyens et qui montre que le Parlement européen est une institution authentiquement démocratique, capable de trouver des compromis. »

« En effet, nous avons réalisé un bon équilibre en adoptant le délai de cinq ans pour l’élimination progressive. Cela laisse le temps aux agriculteurs de l’UE de s’adapter, avant le lancement, en 2020, de la nouvelle phase de la politique agricole commune (PAC). »

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