La croissance dans la zone euro devrait passer de 0,8 % en 2014 à 1,3 % en 2015 et 1,6 % en 2016. L’Europe sera confrontée à une longue période de faible croissance, de chômage élevé, d’aggravation des inégalités et de risque réel de déflation, si l’économie n’est pas stimulée par un plan d’investissement fort et des politiques monétaires courageuses.

Voilà quelques-unes des conclusions de l’examen annuel indépendant de la croissance (EAiC), présenté ce 11 décembre à Bruxelles, dans le contexte de l’initiative « Pour une économie progressiste » animée par le Groupe des Socialistes & Démocrates au Parlement européen.

« De puissantes forces de divergence s’alimentent à l’incapacité à sortir rapidement de la crise. En conséquence, le risque d’une stagnation de longue durée est réel », affirme cette enquête, réalisée par un groupe de grands instituts économiques indépendants*.

L’EAiC présente une série de recommandations et évoque la nécessité d’un plan d’investissement « vert » à l’échelle de l’UE. Les experts proposent un « choc carbone fiscal ». Il s’agit de donner un coup de fouet à des investissements de grande envergure dans l’efficacité énergétique, qui permettront d’extraire l’économie européenne de la crise et de l’orienter vers les faibles taux d'émission de carbone.

Les experts appellent à compenser ce choc du prix du carbone par un fonds commun européen. Celui-ci aura pour but de maintenir les revenus des entreprises et des ménages, tout en assurant la transition de la production et de la consommation vers les faibles taux d'émission de carbone.

« Le projet européen de société solidaire et prospère risque de sombrer si nous sommes incapables de rebondir », mettent en garde les experts.

Maria João Rodrigues, eurodéputée et vice-présidente S&D pour les affaires économiques et sociales, a déclaré ceci :

« L’Europe est menacée d’une stagnation économique accompagnée d’une quasi déflation et de l’aggravation des inégalités. Or, l’examen annuel de la croissance, présenté il y a quinze jours par la Commission européenne, ne s’attaque pas sérieusement à ces problèmes. »

« Par contre, l’examen annuel indépendant de la croissance, soutenu par le Groupe S&D, dévoile les véritables besoins : une augmentation majeure de l’investissement public ; des politiques monétaires non conventionnelles et plus fortes ; des hausses de salaire dans les pays qui présentent des excédents élevés ; et par-dessus tout, des gouvernements actifs, qui mettent en œuvre une stratégie de développement durable sur les plans social et environnemental. »

« Nous espérons que la Commission et le Conseil tiendront compte de l’analyse et des recommandations de l’EAiC, lorsqu’ils finaliseront la révision de la Stratégie Europe 2020 et coordonneront les politiques dans le cadre du Semestre européen 2015. »

* Il s’agit des instituts économiques indépendants suivants :

L’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) de Paris,
l’IMK (Institut de politique macroéconomique) de Berlin,
et l’ECLM (Conseil économique du mouvement travailliste), de Copenhague.


Lire ici l'examen annuel indépendant 2015 de la croissance

Note aux rédacteurs :

Lancée en 2012, l’initiative « Pour une économie progressiste » s’est fixé les objectifs majeurs suivants : générer un vrai débat, public et bien informé, sur les politiques économiques et sociales, aux échelles nationale, européenne et mondiale ; et promouvoir activement une pensée progressiste dans ces domaines, aux niveaux scientifique et politique. Dans cette optique, l’initiative « Pour une économie progressiste » vise le long terme, à partir d’une vision stratégique de sa contribution à la pensée et l’action progressiste. Pour en savoir plus