Les eurodéputés S&D ont qualifié de « pas dans la bonne direction » la décision de la Banque centrale européenne, annoncée ce 22 janvier, de lancer un programme d’assouplissement quantitatif (quantitative easing), qui prévoit des achats d’obligations d'État.

Toutefois, les eurodéputés ont déploré la décision qu’une large majorité des obligations d'État achetées dans le cadre de ce « programme étendu d’achat d’actifs » serait détenue par les banques centrales des pays respectifs et non par la BCE.

Maria João Rodrigues, eurodéputée et vice-présidente S&D pour les affaires économiques et monétaires, a déclaré ceci :

« La Banque centrale européenne (BCE) a répondu aux attentes des entreprises, des marchés financiers et de la plupart des dirigeants européens. »

« En effet, la croissance est stagnante et la zone euro souffre d’une inflation extrêmement faible. Dans ces conditions, l’objectif de 2 % d’inflation défini par la BCE n’est clairement pas atteint. Étant donné qu’il est impossible de réduire encore plus les taux d’intérêt, il est juste que la BCE s’engage dans l’assouplissement quantitatif, au moins jusqu’en septembre 2016 et jusqu’à ce que l’inflation adopte une évolution compatible avec l’objectif de 2 %. »

« Dans la même optique, les banques devraient prêter plus à l’économie réelle, pour entraîner la croissance et la création d'emploi. L’accroissement de l’inflation est essentiel pour réduire le poids des dettes européennes du passé et pour encourager les nouveaux investissements. »

« Toutefois, il est regrettable que seuls 20 % des achats additionnels d’actifs seront sujets au partage de risque au niveau de la BCE, et que le reste soit laissé aux banques centrales nationales. Cela envoie un mauvais signal concernant l’union monétaire européenne, supposée irréversible. En effet, les États membres de l’UE se sont engagés à partager l’euro, pour le meilleur et pour le pire. Dans cette optique, il devrait être de l’intérêt de tout le monde de combattre de manière décisive la crise économique dans la zone euro, plutôt que de renouer avec la fragmentation qui a si longtemps ralentit l’Europe. »

« Or, la BCE a cédé aux pressions du gouvernement allemand et de la Bundesbank, qui continuent à répéter sans fin les mêmes erreurs. Au lieu de prendre une action décisive en faveur de la cohérence de la zone euro, ils préfèrent utiliser les marchés financiers pour imposer aux pays plus faibles des réformes de droite. À cause de cette approche, l’emprunt par les PME et la création d'emploi est extrêmement difficile dans de nombreux pays de la zone euro. Et elle affecte également négativement les pays du noyau dur de la zone euro. »

« Le programme d’assouplissement quantitatif devrait être mis en œuvre directement par la BCE. Comme indiqué par M. Draghi, les pertes impliquées sont purement hypothétiques. La banque centrale ne peut pas faire faillite aussi longtemps que nous prenons au sérieux l’union monétaire. Par conséquent, les contribuables allemands ou autres ne courent aucun risque. »

Elisa Ferreira, eurodéputée et porte-parole du Groupe S&D pour les affaires économiques et monétaires, a ajouté ce qui suit :

« Si l’initiative lancée aujourd’hui par la BCE est indispensable, elle ne suffira pas à ramener durablement l’Europe vers la croissance. Nous devons utiliser à plein la souplesse permise par nos règles budgétaires, et nous devons promptement mettre en œuvre un programme fort d’investissement européen, qui dépend essentiellement des contributions nationales au Fonds des investissements stratégiques qui a été proposé. Enfin, nous devons améliorer la coordination des politiques économiques, afin que les pays les plus excédentaires assument leur part de soutien à la demande, et afin de créer la confiance dans une croissance économique équilibrée pour toute l’Europe. »