Ce 16 décembre, les rapporteurs permanents du Parlement européen pour la Turquie ont envoyé une lettre à la Haute représentante et viceprésidente Federica Mogherini. Ils y appellent les dirigeants de l’UE à s’engager vraiment à défendre la liberté de la presse en Turquie et à désamorcer la situation dans le sud-est du pays. La meilleure approche serait d'inclure ces positions dans les conclusions du Conseil européen prévu les 17 et 18 décembre.

Kati Piri, eurodéputée S&D et rapporteuse du Parlement européen pour la Turquie, a indiqué ceci :

« La Turquie est un partenaire clé de l’UE pour la question de la crise des réfugiés. La coopération en la matière est nécessaire et bienvenue. Toutefois, la Turquie est aussi candidate à l’adhésion à l’UE. Cela signifie qu’il faut lui demander des comptes au sujet de la détérioration des droits fondamentaux dans le pays. »

Voici la suite du contenu de la lettre commune :

Au classement mondial de la liberté de la presse, établi pour 2015 par Reporters sans frontières, la Turquie a été dégradée vers la 149e place sur 180. Trente-deux journalistes y sont actuellement emprisonnés. Cent et quatre autres ont été mis en détention, dont quarante-neuf les trois derniers mois. Et 797 journalistes sont frappés d’une interdiction de publication. Dans ce contexte, nous sommes particulièrement inquiets au sujet de l’arrestation, le 26 novembre dernier, de Can Dündar, rédacteur en chef du journal Cumhuriyet, et d’Erdem Gül, chef du bureau du quotidien à Ankara.

Par ailleurs, les signataires souhaitent attirer l’attention sur la détérioration de la situation dans le sud-est de la Turquie. Le retour à la violence du PKK est inacceptable. Il doit déposer les armes car la violence n’apportera aucune solution à la question kurde. Toutefois, il faut intervenir au sujet de la détention de 22 maires locaux et des couvre-feux de longue durée qui exigent un lourd tribut de la population. Dans la foulée des élections et de la nomination d’un nouveau gouvernement à Ankara, nous pensons qu’il est grand temps que les deux parties retournent à la table des négociations et relancent le processus de paix. Dans cette optique, l’UE doit encourager proactivement toute initiative en faveur de la paix.

Enfin, l’UE ne peut pas échanger ses valeurs contre la protection de ses frontières. C’était aussi le message envoyé par Can Dündar aux chefs de gouvernement de l’UE. Malheureusement, aucune de ces questions n’apparaissent dans la déclaration finale du sommet UE-Turquie.

Cette lettre est signée par Kati Piri (eurodéputée S&D, Pays-Bas), Renate Sommer (eurodéputée PPE, Allemagne), Alexander Graf Lambsdorff (eurodéputé ADLE, Allemagne), Takis Hadjigeorgiou (eurodéputé GUE/NGL, Chypre) et Bodil Valero (eurodéputé, Verts, Suède).