Conduit par les Socialistes & Démocrates, le Parlement européen a adopté ce 25 février trois rapports sur les priorités de politique économique de l’UE pour 2016. Ceux-ci tournent résolument la page de l’austérité et des réformes conservatrices.

En effet, une large majorité du parlement estime que dans le contexte du ralentissement économique mondial, l’Europe doit renforcer sa demande intérieure. Elle doit en particulier investir plus dans l’innovation, les compétences et l’utilisation efficace des ressources naturelles, clés de la future croissance. Si le marché intérieur européen de plus de 500 millions de personnes peut constituer une source considérable de prospérité, il souffre d’années de sousinvestissement et de dépression des revenus des ménages.

Dans ce contexte, le PE a souligné que les pays aux grands excédents extérieurs sont particulièrement bien placés pour intensifier les investissements intérieurs et accélérer la hausse des salaires. Les budgets publics doivent être pleinement utilisés, dans le cadre des règles existantes, pour renforcer l’investissement, faire face à l’aggravation des menaces sécuritaires et répondre à la crise des réfugiés.

Par ailleurs, les eurodéputés appellent les États membres à assurer la responsabilité sociale des réformes. Celles-ci doivent s’appuyer sur la solidarité pour réduire les inégalités sociales et instaurer de nouvelles mesures draconiennes de lutte contre l’évitement fiscal.

Maria João Rodrigues, eurodéputée et viceprésidente S&D pour les affaires économiques et sociales, négociatrice en chef du PE pour les priorités des politiques économiques, a déclaré ceci :

« L’Europe a besoin d’un effort coordonné, consenti par l’ensemble des États membres, pour réaliser une croissance plus forte, créer plus d’emplois et améliorer la cohésion sociale. Les pays compétitifs doivent investir dans la hausse de la productivité au lieu de se concurrencer par des baisses perpétuelles des salaires et des coupes dans les services publics. Par ailleurs, les économies des entreprises et les marges disponibles des budgets publics des pays les plus forts doivent être mieux utilisés. Elles doivent soutenir la demande publique en haussant les investissements et les salaires. »

« La zone euro est une grande zone économique unique, qui doit être gérée de manière appropriée. Il est nuisible pour l'emploi et la croissance que la zone euro maintienne des excédents extérieurs excessifs et continue à prêter d’énormes sommes au reste du monde – alors qu’elle néglige ses besoins en investissements intérieurs et permet l’aggravation des inégalités. »

« La zone euro doit œuvrer en faveur d’une convergence vers le haut, et elle doit traiter sur pied d’égalité les indicateurs sociaux et économiques. La hausse de la demande intérieure, alliée à la réduction des inégalités, entraînera une hausse de la croissance. En conséquence, les entreprises investiront plus facilement et l’économie dans son ensemble pourra s’arracher à ses dettes anciennes. »

« Par ailleurs, l’Europe doit enfin mettre en pratique sa stratégie pour une croissance durable à long terme. De nombreuses réformes sont nécessaires. Elles doivent porter sur la qualité de l’enseignement, l’innovation, la modernisation des administrations publiques et l’utilisation plus efficace des ressources naturelles. Voilà ce que devraient être les objectifs d’une politique économique européenne, et non les coupes budgétaires sans fin, la privatisation des services publics ou la réduction de la protection des travailleurs. »

« Avec ce rapport, nous espérons lancer dans toute l’Europe un vrai débat démocratique sur l’élaboration des politiques économiques. Le Semestre européen doit devenir un processus démocratique qui implique l’ensemble des parties prenantes – et non un exercice technocratique. »

Sergio Gutiérrez Prieto, eurodéputé et porteparole du Groupe S&D pour l’emploi et les priorités sociales du Semestre européen, a ajouté ceci :

« Nous demandons une relance économique équitable, qui crée des emplois de qualité, réduit les inégalités et combat la pauvreté et l’exclusion sociale. En effet, l’investissement dans le développement social ne doit pas être juste un moyen de réaliser une croissance durable et inclusive, mais bien un objectif en soi. »

« Nous devons corriger les terribles effets des réformes du marché du travail qui ont été réalisées. Celles-ci ont surtout créé de l’emploi par le biais d’emplois précaires, par le sousemploi et par les emplois à temps partiel involontaires. »

« Dans ces conditions, le Groupe S&D demande l’approfondissement de l’intégration de la zone euro. Il s’agit de renforcer la dimension sociale de l’union monétaire et économique (UME), en accroissant la responsabilisation démocratique, haussant les salaires planchers sous forme de salaires minimums et en instaurant un pilier fort de droits sociaux. »

Catherine Stihler, eurodéputée et porteparole du Groupe S&D pour les priorités annuelles du marché unique, a indiqué ce qui suit :

« La mise en œuvre et l’application du droit de l'UE dans nos États membres est la clé qui permettra au marché unique de déployer son plein potentiel, estimé à mille milliards d’euros. »

« Pour créer de l’emploi, de la croissance et assurer la compétitivité de notre immense marché unique de 500 millions de personnes, il est capital d’améliorer la gouvernance et d’accroître la transparence des processus d’intégration. »

« En surmontant les obstacles non tarifaires inutiles, en mettant en œuvre correctement la directive services et la législation régissant les marchés publics et les concessions, en modernisant les administrations publiques par l’amélioration de l’accès aux services numériques, nous pouvons mettre fin à la stagnation de la diffusion du marché unique à travers l’UE. »

Pour plus d’informations, veuillez consulter l’examen annuel indépendant de la croissance 2016.