Avec 200 milliards d'euros, le budget de l'UE pour 2025 est supérieur de 6 % à celui de cette année, ce qui représente une augmentation de 10 milliards d'euros. Il répond aux besoins des Européens tout en permettant de rembourser la reprise économique post-pandémique de l'Union sans réduire les programmes clés.
Si vous vivez dans l'Union européenne, cet article vous concerne car il porte sur les quelque 200 milliards d'euros que j'ai eu le privilège de négocier en votre nom, au nom de votre région et au nom de votre État membre dans le budget de l'UE pour 2025.
Il s'agit d'un marathon qui remonte à ce printemps
Tout a commencé lorsque la Commission européenne a mis sur la table un projet de proposition de budget annuel. Depuis lors, le Parlement européen et les États membres au sein du Conseil ont élaboré leurs positions. Le Conseil a proposé une réduction nette des engagements s'élevant à 1,5 milliard d'euros, dont 400 millions d'euros pour Horizon Europe, 110 millions d'euros pour le volet numérique du mécanisme Connecting Europe (CEF-Digital), 30,7 millions d'euros pour InvestEU, 294,8 millions d'euros pour Erasmus et 33,7 millions d'euros pour le programme "Citoyens, égalité, droits et valeurs" (CERV). Tout cela a culminé il y a quelques jours lors d'une réunion de conciliation qui s'est tenue tard dans la nuit (ou tôt le matin, car les négociations se sont poursuivies jusqu'à 4 heures du matin), au cours de laquelle j'ai dirigé l'équipe de négociation au nom du Parlement européen et conclu un accord avec les États membres au sein du Conseil de l'UE. Dans un contexte politique extrêmement difficile, nous avons obtenu un succès remarquable : le budget de l'UE pour 2025 sera supérieur de 6 % au budget annuel actuel, ce qui représente une augmentation de 10 milliards d'euros. Nous avons préservé nos programmes et veillé à ce que le remboursement de notre dette ne se fasse pas au détriment des programmes de l'Union. L'accord politique doit maintenant être approuvé par la plénière à Strasbourg la semaine prochaine.
Pourquoi le budget annuel de l'UE est-il important ?
Parce que sans un financement sûr pour chaque politique de l'UE, tous les engagements sont condamnés à rester des vœux pieux. Mon groupe politique - les socialistes et démocrates - et moi-même avons toujours considéré le budget de l'UE 2025 comme un instrument d'investissement. Non seulement dans des mesures et des infrastructures qui stimuleront notre économie et la compétitivité de l'UE, votre bien-être et notre sécurité à tous, mais aussi dans le financement de notre redressement après la pandémie de Covid-19. Avec la création de l'UE nouvelle génération (NGEU), l'UE a démontré que nous répondons mieux et plus rapidement aux défis lorsque les 27 États membres agissent ensemble de manière coordonnée au lieu de laisser les gouvernements nationaux faire face seuls à une crise.
Je suis heureux que l'accord politique que nous avons conclu comprenne une solution pour financer les coûts de remboursement sans couper des programmes essentiels comme Erasmus+ ou ceux pour la recherche et le développement, contrairement à l'idée initiale des États membres. Avec les socialistes et démocrates, nous avons insisté sur l'utilisation du "mécanisme de cascade EURI" introduit dans la révision du budget pluriannuel actuel de l'UE pour la période 2021-2027. Ce "mécanisme de cascade" est conçu pour gérer l'escalade des coûts d'emprunt sur les marchés internationaux sans affecter les initiatives et les programmes de l'Union de la plus haute importance pour nos citoyens et nos entreprises, tout en maintenant la flexibilité et la capacité de réponse du budget de l'UE.
200 milliards d'euros, est-ce une somme importante ?
Pour ceux qui ne travaillent pas sur les questions budgétaires, ce chiffre semble vraiment colossal. Pourtant, il faut relativiser et l'on s'aperçoit alors que le diable est dans les détails. En moyenne, chacun des budgets annuels des deux dernières années varie entre 160 et 180 milliards d'euros. Ce chiffre est comparable au budget national du Danemark, qui dessert 5,6 millions de personnes. La population totale de l'UE est d'environ 450 millions de personnes. Le nombre de priorités que nous devons financer avec les 200 milliards d'euros de l'année prochaine est également impressionnant : la recherche et l'innovation, la santé, l'éducation, la jeunesse, l'agriculture, le développement régional, la défense et la sécurité, la gestion des migrations et l'aide à l'asile, l'aide aux communautés touchées par des catastrophes naturelles, l'extension complète de l'espace Schengen à la Roumanie et à la Bulgarie, l'aide à nos voisins sur la voie de l'adhésion à l'Union européenne.
Le budget de l'UE au secours des régions frappées par des catastrophes naturelles
La dernière phase des négociations a coïncidé avec les inondations catastrophiques de Valence, qui ont une fois de plus démontré l'impact dévastateur du changement climatique sur la vie humaine. Malheureusement, ce n'est pas une nouveauté. Nous l'avons vu en Roumanie et en Europe centrale avec les inondations et nous le constatons chaque été avec les incendies de forêt dans le sud de l'Europe. 3 milliards d'euros seront disponibles pour soutenir les régions touchées par des catastrophes naturelles, avec la possibilité pour les États membres d'utiliser jusqu'à 10 % des fonds existants de la politique de cohésion pour prévenir ces catastrophes et s'en remettre.
Parler des numéros....
D'une manière générale, la proposition de la Commission européenne était un bon point de départ. Mon ambition était de l'améliorer et de l'adapter à vos besoins. Ainsi, en plus de la proposition de la Commission (le projet de budget et la lettre rectificative), j'ai réussi à ajouter
- 422 millions d'euros supplémentaires pour l'éducation et la jeunesse (Erasmus+) (soit un total de 4,3 milliards d'euros) ;
- 45 millions d'euros supplémentaires pour la recherche, l'innovation et la santé (Horizon Europe - Cluster Health, Conseil européen de l'innovation, Conseil européen de la recherche, actions Marie Sklodowska-Curie) (12,7 milliards d'euros au total, en plus du Conseil européen de la recherche) ;
- 30 millions d'euros supplémentaires pour l'agriculture, en particulier pour les jeunes agriculteurs (39,9 milliards d'euros au total pour le Fonds européen de garantie agricole) ;
- 5 millions d'euros supplémentaires pour la nature, la biodiversité et l'action en faveur du climat (programme LIFE) (soit un total de 776 millions d'euros) ;
- 10 millions d'euros supplémentaires pour la gestion des frontières extérieures de l'UE, en particulier pour l'élargissement de Schengen à la Roumanie et à la Bulgarie (1,2 milliard d'euros au total) et 2 millions d'euros supplémentaires pour notre politique en matière d'asile et de migration (1,8 milliard d'euros au total) ;
- 6 millions d'euros supplémentaires pour la mobilité militaire (252 millions d'euros au total) ;
- 50 millions d'euros supplémentaires pour l'aide humanitaire liée aux crises mondiales et aux urgences climatiques (1,8 milliard d'euros au total).
En ces temps d'incertitude croissante - et de populisme qui s'en nourrit - les Européens ont besoin de résultats tangibles pour continuer à croire que l'UE travaille pour eux. Toutes ces longues heures de négociations en ont valu la peine, et je suis convaincu que l'accord sur le budget de l'UE pour 2025 recevra le feu vert final de la plénière du Parlement européen à Strasbourg la semaine prochaine.
Victor Negrescu est vice-président du Parlement européen, membre roumain du groupe des socialistes et démocrates et principal négociateur du Parlement européen sur le budget de l'UE pour 2025.
