Les Socialistes & Démocrates ont profité du débat de ce 23 octobre en plénière du PE pour condamner résolument l’intervention militaire turque contre les forces kurdes dans le Nord-Est de la Syrie. Ils appellent Ankara à y mettre fin immédiatement et de manière permanente.

L’accord entre la Russie et la Turquie, signé ce 22 octobre, légitime l’invasion d’une zone de 32 kilomètres de profondeur le long de la frontière syrienne, ainsi que le refoulement de 2 millions de réfugiés. Il s’agit de violations graves des principes les plus fondamentaux du droit international, humanitaire et relatif aux réfugiés.

En conséquence, ce 24 octobre le Groupe S&D votera la résolution qui demande un embargo à l’échelle de l’UE sur la vente d’armes à la Turquie, une série de sanctions ciblées dont des mesures économiques, et l’interdiction de visas pour les hauts fonctionnaires responsables de violations des droits de l'homme. Les S&D ont réussi à insérer dans ce texte deux appels : le premier, à destination de l’Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, pour lancer une enquête sur l’éventuel usage de phosphore blanc par les forces turques et/ou leurs alliés ; le second, à l’adresse des États membres de l’UE, pour la préparation d’un plan contre l’éventuelle résurgence de l’EI.

 Kati Piri, viceprésidente du Groupe S&D responsable des affaires étrangères, a déclaré ceci :

« L’établissement d’une soi-disant zone de sécurité est de fait devenu l’établissement d’une zone de guerre et l’invasion turque du Nord-Est de la Syrie. Le retrait cynique des forces US a fait de Poutine, Assad, la Turquie, l’Iran et l’EIIL les gagnants, tandis que les citoyens du Nord-Est de la Syrie et la crédibilité de l’Occident sont les perdants. »

« Plus de 200 civils et 600 combattants kurdes de la première heure ont été tués depuis le début de l’opération militaire ; plus de 300 000 civils ont dû quitter leurs maisons et sont devenus personnes déplacées. Les dernières nouvelles concernent des allégations d'utilisation du phosphore blanc contre des civils, une violation claire de la Convention de Genève. L’exécution sommaire de la politicienne kurde Havrin Khalaf, une des nombreuses femmes courageuses du Nord-Est de la Syrie, est un scandale absolu. Tous les auteurs de ces actes de haine doivent être poursuivis. Les Kurdes doivent faire partie intégrante de toute future discussion d’une constitution syrienne. »

Tonino Picula, eurodéputé et coordinateur S&D pour les affaires étrangères, a ajouté ce qui suit :

« Le nouvel accord conclu entre Poutine et Erdoğan, après l’expiration de l’accord entre les USA et la Turquie, est également inacceptable. Ce texte néglige la population locale et abandonne les combattants kurdes, auxquels nous devons notre gratitude en raison de leur engagement dans le combat contre le groupe extrémiste de l’État islamique. »

« Si l’UE veut être un acteur mondial crédible, elle ne peut pas se cantonner au rôle d’observatrice passive de ces accords. L’Union doit utiliser tous les instruments disponibles pour exercer des pressions sur Ankara. Dans cette optique, les Socialistes & Démocrates soutiennent l’ensemble des sanctions contre la Turquie, économiques comprises. Ils demandent une interdiction totale, à l’échelle de l’UE, de l’exportation d’armes vers la Turquie. Nous voulons également que les États membres préparent des plans contre toute menace sécuritaire impliquée par le retour éventuel de combattants étrangers de Daech. »

 

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